PREMIERE CONFERENCE DE PRESSE DU COLLECTIF CGT
DES SOUS-TRAITANTS DU NUCLEAIRE
LE 17/10/2011
L’activité nucléaire en France n’est pas nouvelle, cependant les revendications de la sous-traitance de ce secteur sont mal connues. La sous-traitance nucléaire comprend toutes les activités de ce domaine : Etudes, nettoyages, électricité, assainissement, décontamination, mécaniques, logistique, informatique, etc.
Sur le Parc Nucléaire Français, aux côtés des 20 000 agents EDF interviennent 20 000 salariés prestataires, dont 5000 travaillent en permanence sur une seule Centrale dans des activités de logistiques.
Que ce soit pour EDF ou Areva, lorsque les usines sont en fonctionnement l’utilisation de la sous-traitance se fait principalement pour la maintenance.
L’optimisation des interventions de maintenance a été faite depuis longtemps. Dans l’activité nucléaire la maintenance est organisée, les sous-traitants interviennent suivant des modes opératoires bien définis.
Cependant EDF et Areva souhaitent, sous la pression des actionnaires, diminuer constamment leurs coûts de maintenance. Hélas dans ces grandes entreprises les services achats ont pris le contrôle des opérations au détriment des techniciens de tous niveaux. De plus en plus, les dirigeants, considèrent qu’un technicien peut remplacer au pied levé un autre technicien. La notion d’expérience, de compétence, de savoir faire, disparaît de nos activités et cela ne peut qu’être préoccupant dans l’industrie nucléaire.
Et c’est ainsi que nous voyons des entreprises sous-traitantes se voir attribuer des marchés sans rien connaître du travail à réaliser. Cette concurrence qui s’organise de plus en plus au profit du moins disant social et au détriment de la technicité est préjudiciable aux salariés bien sûr et à l’activité nucléaire. Ainsi les syndicats CGT de la sous-traitance considèrent que la mise en concurrence des salariés s’effectue moins sur l’offre technique que sur le coût pour EDF et Areva.
Il y a aussi le problème de la sous-traitance en cascade, le rapport parlementaire post Fukushima stipule qu’il existe parfois jusqu’à 8 niveaux de sous-traitance.
Nous avons de nombreux exemples qui illustrent ces propos, en ce moment les syndicats CGT sont partie prenante des conflits des Salariés du Centre d’Appel d’Euriware, d’un licenciement abusif chez SPIE Nucléaire, contre la modification des contrats de travail chez GSF.
Cette année un électricien de CEGELEC, pourtant qualifié et expérimenté était payé comme un débutant avec 30 années d’ancienneté. Défendu par la CGT, il a dû faire intervenir les Prud’hommes pour se faire requalifier à un niveau supérieur.
Je laisse les syndicats concernés s’exprimer sur ces sujets…..
Les sous-traitants du nucléaire, à des degrés divers, sont les parents pauvres du nucléaire. Nous n’avons que nos Convention Collectives pour faire valoir nos droits. Il n’est pas facile de transposer ces mêmes Conventions Collectives, qui ne disent pas un mot sur le nucléaire.
C’est un doux euphémisme de déclarer que notre statut est moins bon que celui d’EDF ou Areva. Pour autant il ne s’agit pas d’opposer les sous-traitants aux statutaires, mais de dire que puisque nous travaillons pour la même activité sur les mêmes sites nous revendiquons un statut identique. D’ailleurs nous pensons que l’un des freins les plus efficaces à l’externalisation des activités du nucléaire est la mise en place d’un statut des sous-traitants du nucléaire.
Nous considérons que la sous-traitance n’est justifiée par aucun critère, économique, social et sûreté. Nous nous interrogeons sur les raisons qui poussent les donneurs d’ordre à une fuite en avant vers toujours plus de sous-traitance, peut être la dilution des responsabilités.
EDF et Areva, avec les appels d’offres successifs sur les prestations de maintenances mettent les salariés en concurrence entre eux. Cependant au niveau national ce sont des grands groupes qui se partagent le gâteau : Eiffage, Vinci, Spie, Suez, Bouygues ect.
Est-il incongru ou déplacé de demander la même prime de zone sensible pour tous ? La même prime d’astreinte ? Un même déroulement de carrière ?
Nous rappelons que dans le nucléaire 80% des doses d'exposition sont prises par les sous-traitants.
Revendication d’un statut des sous-traitants du Nucléaire.
La CGT en quelques mois a fait signer 30 000 pétitions sur le statut, 1700 en une seule journée sur le site d’Areva.
· Nous revendiquons un statut pour les travailleurs du Nucléaire, basé sur celui des salariés EDF, AREVA et CEA.
· L’arrêt de la sous-traitance massive, de la sous-traitance en cascade et de la précarité.
· La sécurité d’emploi permettant d’investir dans la formation pour une meilleure connaissance des installations.
· Une mobilité contrôlée et limitée. (effectuer les arrêts de tranche à Flamanville et pas à 900 km d’ici).
· Un renforcement des CHSCT et une véritable démocratie dans l’entreprise.
· La reconnaissance de la pénibilité (départ à 55 ans pour ceux qui ont effectué des métiers pénibles).
· Un abaissement de la limite annuelle des doses de 20 à 10mSv.
· Une dose maximale de carrière de 350mSV
· Une grille de salaire permettant la reconnaissance du déroulement de carrière et de l’ancienneté.
· La mise en place de CHS-CT de site
Les salariés du Nucléaire n’ont pas vocation à rester les bras croisés et à subir sans réagir. Il faudra bien un jour que les sous-traitants fassent la démonstration que sans eux tout s’arrête…
C’est pour éviter la casse sociale et faire aboutir nos revendications, que les syndicats CGT ont décidé de s’organiser en créant un collectif CGT des sous traitants du nucléaire.