Ce n’est un secret pour personne, la Cgt défend de longue date la mise en place d’une « filière de déconstruction des navires en fin de vie ».
Que ce soit au niveau local ou au niveau national, de nombreuses initiatives ont eu lieu, et la Cgt, du syndicat à la confédération, s’investit pleinement dans ce dossier. Certains se souviendront de la conférence de presse devant le Lucifer (Bâtiment de la Marine Nationale en déconstruction sur une plage à l’époque) et du débat public que notre syndicat a organisé à Cherbourg en 2009.
Si le dossier semblait quelque peu « ronronner » ces derniers temps, les choses se sont accélérées. C’est la ministre de l’environnement, du transport et du développement durable (NKM) qui, en aôut dernier a relancé les affaires. Elle a adressé un courrier aux préfets de région dans lequel elle leur a demandé d’oeuvrer dans le sens de la mise en place de filières de déconstruction des navires en fin de vie.
Notre direction n’a pas été en reste sur le sujet, puisqu’en octobre et dans le cadre du Comité d’Etablissement local, elle répondait à nos sollicitations en annonçant le début de l’activité déconstruction des 5 SNLE pour 2013.
Autant le dire tout de suite, industriellement, 2013 c’est demain !
Fort de ces deux éléments, notre syndicat accompagné des structures régionales et départementales de la Cgt ont sollicité un certain nombre de rencontres.
Sur ce sujet nous avons donc rencontré, la direction locale de DCNS, Le préfet de région, le délégué régional aux restructurations du ministère de la défense, le député et sénateur locaux.
Notre syndicat est donc en mesure de vous faire un premier bilan sur les conditions dans lesquelles cette activité pourrait voir de jour à Cherbourg.
Deux certitudes, les 5 SNLE qui sont en train de rouiller dans le bassin seront déconstruits forme 5 et c’est DCNS qui sera chargé de cette activité.
Cela peut paraitre évident à certains, mais d’autres pistes avaient été explorées et sont maintenant abandonnées.
Pour la Cgt c’est une bonne nouvelle car, c’est de la charge supplémentaire, et de plus, cela répond à une logique que la Cgt défend et qui veut que celui qui a construit doit assumer la déconstruction.
Les différentes rencontres auxquelles nous avons participé nous aurons permis de réaffirmer certains principes, mais également de dire au combien nous serons attentifs aux paroles mais surtout, aux actes de tous.
L’activité déconstruction c’est plus de 20 ans de travail pour au moins 50 salariés !
L’activité « déconstruction », c’est 5 SNLE à déconstruire, au rythme d’un bateau tous les 18 à 24 mois. C’est du travail pour un grand minimum de 50 salariés sur toute la durée de l’activité. Alors, sachant que le premier SNA (et il y en a 6 !) sera lui, mis à la retraite en 2017, on comprend tout de suite que l’on a affaire à une activité qui peut être pérenne.
Il nous reste à veiller à ce que cette activité se fasse dans de bonnes conditions, tant du point de vue social qu’environnemental et nous savons que sur ces deux aspects, faire confiance à notre direction pourrait se révéler dangereux.
Pour nous, il est hors de question d’aboutir à une activité qui se réduirait à quelques sous-traitants sous-payés, découpant au chalumeau ou à la meule un sous-marin dans le fond d’une cale !
Nous avons rencontré un certain nombre d’acteurs locaux, mais nous n’avons pas toujours suscité l’enthousiasme chez nos interlocuteurs.
Du coté des élus locaux, des pistes ont été évoquées et nous attendons des signes de prise en compte du dossier. Aussi une réunion mettant autour de la même table, DCNS, la DGA, les responsables locaux et les organisations syndicales nous a été proposée, nous en avons accepté le principe, reste à savoir si tout le monde sera intéressé.
Du coté du préfet de région, on a autre visiblement autre chose à faire et on ne compte pas non plus (pour l’instant) faire en sorte que l’état prenne ses responsabilités dans un dossier qui concerne pourtant la DGA et DCNS (détenue majoritairement par l’état)…
Pour la Cgt, il est urgent que DCNS et la DGA arrêtent leur jeu de dupe, nous ne pouvons tolérer qu’une fois de plus, l’état tourne sa casquette en fonction du rôle qu’il a à jouer. La DGA c’est l’état, et DCNS avec 65% du capital détenu, c’est l’état aussi! Il faut également arrêter de mentir sur l’aspect concurrentiel de ces marchés, il n’y a que DCNS qui peut faire ce travail, nous sommes encore moins que d’habitude dans un cadre mondialisé où nous serions sensés nous aligner sur la concurrence.
Nous avons donc la possibilité d’envisager cette activité comme étant vecteur de progrès, qu’il soit social ou environnemental. C’est en effet sur ce point que nous avons à craindre des décisions qui vont être prises. Au regard de ce dont DCNS a été capable sur Lorient (Fremm) et à Brest (IAM51), en aillant eu recours à de la main d’oeuvre « à bas coût », nous devons rester vigilant à ce que notre direction ne réussisse pas avec les SNLE ce que l’état a raté avec le Clémenceau.
Pour la Cgt, que ce soit au Bengladesh ou dans le fond de la forme 5, un chantier moyenâgeux à Cherbourg, c’est hors de question !
Il faut que cette activité soit génératrice d’embauches pérennes, de salaires décents, de formations, qu’elle serve également de complément de charge pour notre établissement.
Il faut que nous puissions utiliser les sous-marins à déconstruire comme base de « navalisation » des nouveaux embauchés pour qu’ils puissent s’approprier les référentiels navires et savoir à quoi ressemble un sous-marin avant de « débarquer »dans l’établissement.
Il faut que cette activité ait un impact minimum sur l’environnement et la population, la couverture et la mise en dépression de la forme 5 s’imposent. Il faut que les déchets engendrés fassent l’objet d’un vrai recyclage.
L’état, présent à tous niveaux dans ce dossier doit prendre ses responsabilités et c’est bien avec cette idée que la Cgt a sollicité toutes ces rencontres. Maintenant, il faut que chacun joue son rôle, les personnels ainsi que la population Cherbourgeoise peuvent compter sur la Cgt pour qu’elle joue le sien !
Cherbourg, le 14 janvier 2012.